L’interview de Yves Tyrode, Directeur Général de la BPCE et Président de Oney Bank

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Nous avons interrogé Yves Tyrode, Directeur Général Digital & Payments au sein de la BPCE, et président de Oney Bank qui est le leader français du paiement fractionné. Yves est partenaire de la FEVAD depuis plusieurs années et membre du jury du challenge Start Me Up. Il nous raconte ses impressions du concours Start Me Up ainsi que sa vision de l’avenir du paiement.

1/ Quelles ont été les raisons qui expliquent que Weglot ait été sacré gagnant du challenge Start Me Up ?

C’est un peu particulier car il ne s’agit pas d’une start-up mais plutôt d’une scale-up. Toutefois, plusieurs raisons expliquent ce sacre.

Premièrement, c’est une entreprise orientée vers l’international, qui aide les sites e-commerce dans leur déploiement international, ce qui est formidable.

Deuxièmement, la solution qu’ils ont mise en place est absolument remarquable. Je trouve que la rapidité de mise en oeuvre pour des équipes du e-commerce qui veulent s’internationaliser est fabuleuse.

Ce que j’ai trouvé formidable avec Weglot, c’est à la fois la simplicité, la rapidité d’intégration, l’impact business et la compatibilité avec n’importe quel CMS (« Content Management System » – Système de gestion de contenu).

Le dernier point qui m’a séduit est que c’est une solution qui intègre aussi le référencement, le SEO (« Search Engine Optimization » – Optimisation pour les moteurs de recherche). C’est une entreprise très focalisée, qui fait très bien son travail et qui a un impact.

Quand j’étais patron de voyages-sncf.com et de Rail Europe, j’aurais été très heureux d’avoir cet outil pour me déployer sur d’autres pays. C’est un gain de temps énorme !

Bien sûr, cela ne veut pas dire que l’on peut tout faire avec Weglot. Il faut également un contrôle par les équipes de Content Management mais cela n’empêche que c’est une entreprise qui se développe très vite. Créée en 2017, elle fait déjà en 2021 près de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires avec une superbe croissance.

C’est une belle boite qui a de l’avenir devant elle, qui aide les sites de e-commerce à s’internationaliser et qui, ce faisant, s’internationalise elle-même.

2/ Au-delà de Weglot, une autre start-up vous a-t-elle marqué ?

Oui, tout à fait. Une start-up qui s’appelle Frugger.io et qui était numéro 3 dans le classement du jury. Il s’agit d’un autre positionnement : le RSE, le développement durable. La solution permet de piloter sa performance numérique en réduisant son empreinte CO2. Je trouve ce projet très intéressant car la frugalité en termes de consommation d’énergie et de CO2 n’était jusqu’à présent pas une priorité dans le monde du digital. Or le digital a pris tellement d’importance que l’industrie doit absolument prendre les choses en main aujourd’hui.

Ce que j’aime beaucoup chez Frugger.io, c’est qu’ils permettent de mesurer l’empreinte carbone des sites internet que vous développez.

Lorsque vous réfléchissez à votre empreinte carbone, la première chose à faire, c’est de mesurer votre consommation de CO2. Frugger.io se branche sur les plateformes des sites pour connaître leur consommation, ils analysent les différents indicateurs (lourdeur des pages, temps d’attente avant qu’elles ne s’affichent…) et vous proposent ensuite des solutions pour que vous puissiez améliorer votre consommation.

La seconde chose à faire, c’est de communiquer avec les consommateurs et les informer de leur consommation de CO2 par page.

Je trouve que leur démarche de mesurer, d’améliorer puis de communiquer aux consommateurs des informations qui les concernent est vraiment d’actualité.

De plus, leur plateforme est très aboutie, ils ont les agréments ADEME.

3/ En tant que directeur général du Digital & Paiements chez BPCE, comment se présente le futur du paiement ?

C’est une vaste question mais je dirais qu’il y a plusieurs choses :

Avant tout, je dirais que la conversion est un sujet important étant donné qu’elle a toujours été compliquée pour les sites de e-commerce. Les solutions de paiement vont continuer à évoluer et progresser pour que l’expérience du consommateur soit de plus en plus fluide et ergonomique.

Ensuite, la lutte contre la fraude me paraît clé. Ce phénomène est une maladie très grave qui touche non seulement les banques et les utilisateurs mais aussi la confiance des consommateurs. Cette lutte, c’est un objectif extrêmement important pour tout le monde, nous devons donc la mener tous ensemble. Aujourd’hui les fraudeurs emploient des techniques de plus en plus solides ; ils vont leurrer les gens, leur voler leurs codes… La protection des codes et l’éducation des consommateurs face à ces risques est donc un sujet très important.

Le futur du paiement passera également par de nouveaux moyens qui vont se développer. Aujourd’hui en e-commerce, on paie essentiellement via carte bancaire classique, Visa et Mastercard, mais progressivement les “wallets” vont apparaître. Ils permettent de payer directement en faisant des virements de compte à compte. C’est un complément intéressant qui multiplie les avantages : il est plus facile pour le client d’organiser ses virements, de se faire rembourser en cas de problème, ce moyen est beaucoup moins limité par les plafonds, et le paiement est instantané. D’ailleurs, la Commission Européenne pousse pour le développement de ce moyen de paiement, même si cela risque de prendre un peu de temps à se mettre en place.

Enfin, à l’avenir, je pense que le paiement fractionné, le BNPL (« Buy Now Pay Later » – Achetez maintenant payez plus tard) va se généraliser. Ce moyen est un peu hybride entre le paiement et la banque car c’est du crédit.

4/ Avez-vous quelque chose à ajouter ?

Je tiens à remercier la Fevad qui réalise un superbe travail ! On va rentrer dans une phase plus complexe économiquement, et je pense que pour le e-commerce et le commerce globalement, c’est très important d’avoir la Fevad qui est un véritable soutien pour les e-commerçants, qui vont avoir de plus en plus besoin de soutien technologique et de s’adapter à un monde qui change très vite.