Un cadre réglementaire ambitieux pour un web plus inclusif
À partir de juin 2025, les sites e-commerce devront se conformer à de nouvelles règles d’accessibilité numérique. C’est une obligation issue de l’EU Accessibility Act, directive européenne adoptée en 2019, qui impose à tous les États membres de rendre les services numériques essentiels accessibles à tous. La nouvelle réglementation s’appliquera à toutes les sites de e-commerce employant plus de 10 salaéries et dont le total du bilan ou chiffres d’affaires annuel dépasse deux millions d’euros.. L’objectif est clair : rendre les services numériques pleinement accessibles aux personnes en situation de handicap, soit environ 18,2 millions de français aujourd’hui (DREES, 2024).
Accessibilité : contrainte ou opportunité pour les e-commerçants ?
Pour les e-commerçants, cette réforme est à la fois une contrainte et une opportunité. Un site accessible touche en effet un public plus large : en améliorant la navigation au clavier, la compatibilité avec les lecteurs d’écran ou les options d’affichage (contrastes renforcés, taille de police modulable), les marchands facilitent l’achat pour des milliers de clients souvent exclus des parcours d’achats classiques. Pourtant, en 2024, selon une étude de Contentsquare, 40% des sites web analysés n’ont fait aucun effort notable, et 56% ne publient même pas de déclaration d’accessibilité – un signe souvent lié à de moins bonnes performances.
Mais au-delà des personnes directement concernées par un handicap visuel, auditif, moteur ou cognitif, une interface plus claire et intuitive profite à l’ensemble des utilisateurs. Ce gain en ergonomie se traduit souvent par une baisse du taux de rebond, une augmentation du taux de conversion et une meilleure fidélisation. En effet, certaines plateformes de e-commerce constatent une augmentation de 12% de leur taux de conversion après avoir amélioré les contrastes, optimisé la navigation au clavier et assuré une meilleure accessibilité mobile (Contentsquare, 2024). L’accessibilité peut également profiter à des publics inattendus : 71% des étudiants sans déficience auditive déclarent utiliser les sous-titres, preuve qu’un contenu pensé pour certains peut bénéficier à tous.
L’accessibilité est aussi un levier marketing. Dans un environnement concurrentiel, adopter une approche inclusive et responsable renforce l’image de marque. Clients, investisseurs et partenaires valorisent de plus en plus les engagements responsables. En plus de répondre aux exigences RSE et ESG, un site accessible inspire confiance et fidélise. Bien menée, cette démarche booste la compétitivité bien au-delà de la conformité légale.
Mettre en œuvre l’accessibilité : un défi technique et organisationnel
Mais cette mise en conformité a un coût. Audit technique, refonte du code pour assurer une navigation fluide au clavier, adaptation des contenus pour les lecteurs d’écran, hiérarchisation claire des pages, formation des équipes, maintenance continue : la facture peut vite grimper, en particulier pour les petites structures non accompagnées. À cela s’ajoute un manque de compétences internes. Peu de développeurs, designers ou contributeurs éditoriaux maîtrisent aujourd’hui les standards RGAA ou WCAG. Or l’accessibilité ne s’ajoute pas a posteriori. Elle doit être intégrée dès la conception, selon une logique d’Accessibility by Design : contrastes de couleurs, alternatives textuelles, balisage sémantique, parcours simplifiés… chaque détail compte.
L’accessibilité numérique reste aujourd’hui largement négligée. Selon le Baromètre 2024 de la Contentsquare Foundation, en France, seulement 4% des entreprises développent activement des offres digitales inclusives. Heureusement, l’écosystème progresse. Des experts accompagnent les entreprises de l’audit à la mise en conformité, grâce à des outils de détection automatisée et des solutions adaptatives qui personnalisent l’interface selon les besoins des utilisateurs.
En réalité, cette réglementation ne doit pas être perçue comme une contrainte, mais comme une opportunité de transformation. Elle incite les acteurs du e-commerce à repenser en profondeur leurs parcours, contenus et interfaces dans une logique d’inclusion. En anticipant cette évolution, ils se dotent des clés d’un e-commerce à la fois plus inclusif, plus performant et plus durable
